On prend souvent l'image d'un arbre pour parler de l'ancrage mais peut-être que l'arbre doit son équilibre et sa beauté non seulement à ses racines mais aussi à la légèreté de son feuillage. Les feuilles gardent en elles les secrets de l'équilibre vivant: la souplesse, la délicatesse, le savoir du détachement. Accrochées à une branche, elles sont en relation permanente avec le monde. Le vent souffle, la feuille bouge, participe au mouvement. La feuille est sincère. Le soleil la traverse et elle se révèle sans se cacher, toutes ses lignes apparaissent et dessinent la carte de sa vie. La feuille est créative, au moindre souffle elle murmure une histoire, elle chante, elle danse. La feuille est humble, sa vie est intense mais brève. A l'automne elle met la tenue la plus colorée pour célébrer la vie et la remercier. Puis elle part, se laisse porter par le vent, son complice, dans l'illusion de la liberté tant attendue, dans l'insouciance du détachement possible, jusqu'à ce que quelque part la couverture blanche des premiers flocons la recouvre. La feuille est fidèle, depuis sa naissance jusqu'à la fin elle ne cesse de raconter son arbre.